Dans quelle société vivons-nous?
Ce fait me conforte dans l'idée qu'il était temps d'arrêter! Non pas arrêter de créer mais arrêter d'exposer dans les galeries.
Le piège!
Une société de production néerlandaise spécialisée dans les contenus web a observé les réactions d'amateurs d'art face à un tableau vendu 10€ chez Ikea, mais exceptionnellement exposé dans un musée au milieu de vrais tableaux.
Qu’est-ce que l’art?
Un jeune suédois a officiellement relancé le débat en partageant sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il installe un tableau de la chaîne IKEA dans un musée. Les visiteurs et amateurs d’art de l’endroit n’y voient que du feu.
Lorsque le jeune homme demande aux gens comment ils interprètent le tableau, ceux-ci se lancent dans de lourdes explications.
«C’est une illustration du chaos dans son esprit»
«C’est un artiste qui peut mettre ses émotions dans ces peintures», disent-ils.
L’artiste IKE Andrews (IKEA) est visiblement bien apprécié par les amateurs d’art.
De plus, lorsque le jeune homme demande aux visiteurs du musée combien ils payeraient pour une telle œuvre, les prix vont jusqu’à 2,5 millions d’euros!
Le débat sur la définition de l’art avait d’abord été lancé par Duchamp en 1917, alors que ce dernier avait mis une cuvette de toilette dans un musée et proclamé qu’il s’agissait d’une œuvre d’art.
Petit rappel de ma lettre rédigée lors de ma dernière exposition, je ne regrette rien!
Ma dernière
exposition…
Réflexions sur l’artiste dans la crise
Les temps sont
durs…
A Liège, de
nombreuses galeries ont fermé.
Certaines s’essayent
à de nouveaux projets qui, malheureusement ne durent jamais très longtemps face
au prix de l’électricité et des loyers de plus en plus chers.
Avec
la crise, l’art est devenu un marché économique, un placement, une spéculation.
Il a été assimilé à un objet de consommation, d’investissement, de calcul, de
supputation, de traficotage, de surenchère et de snobisme. Il n’a plus
grand-chose à voir avec la création, l’expression d’une émotion, le coup de
cœur de l’acheteur…
Il
y a toujours des artistes qui créent avec passion, dans la souffrance comme
dans la joie mais ils rencontrent de plus en plus d’obstacles.
La
société dans laquelle nous vivons est devenue une société de l’image qui nous
en abreuve du matin au soir. Photos, reproductions de peintures imprimées en
relief sur toiles à prix dérisoires dans les chaînes de magasins de décoration
bon marché pour des cohortes de consommateurs
qui aiment renouveler leur déco
tous les trois ans, d’après les statistiques.
(je n'imaginais pas que ce fait divers allait m'apporter la preuve sur un plateau d'argent)
Pour l’artiste, il devient exténuant
d’essayer de montrer son travail, de durer, résister.
On dit de l'art qu'il ne sert à rien
et qu'il ne permet pas de vivre.
L'art ne devrait
pas se vendre comme une marchandise car il s’adresse à la sensibilité, à
l’émotion.
Après plus
de 35 ans de peinture et d’expositions, comme beaucoup d’autres artistes qui se
posent les mêmes questions, je suis lasse de me battre sans cesse contre des
difficultés croissantes qui me prennent toute mon énergie. Cette énergie qui
devrait être exclusivement consacrée à la création s’étiole dans des recherches
de stratégies afin de convaincre galeries, centres culturels et public que la
peinture et la sculpture ne sont pas des futilités.
Je comprends les visiteurs qui, pris à la gorge par la crise, se concentrent sur leurs prêts à rembourser, la cuve de mazout à remplir, ou l’électricité à payer.
Pourtant, les participations n’ont jamais été aussi nombreuses dans les ateliers créatifs. Cela révèle un besoin d’évasion, un désir d’autre chose.
La culture est la représentation d’une région, d’une communauté ou d’un pays. La perdre du vue, l’oublier, ne pas lui donner sa chance de survivre, c’est perdre notre mémoire, nos racines.