50 ans déjà et il n'a pas pris une ride, sa trompette résonne encore dans les caves de Saint-Germain des Prés, ses mots d'anarchiste irrévérencieux sont toujours dans nos têtes.
Ce poème que j'aime énormément parle de la mort et pourtant est une ode à la vie.
J'voudrais pas crever
Je voudrais pas crever
Avant d' avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d' argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un côté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans les coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu' on attrape là-bas
Le bon, ni le mauvais
Ne me feraient pas de peine
Si si si je savais
que j' en aurais l' étrenne
Et il y a z' aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j' apprécie
Que je sais qui me plaît
le fond vert de la mer
Où valsent les brins d' algue
Sur le sable ondulé
L' herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L' odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon ourson, l' Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d' avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J' en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu' on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z' entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s' amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d' avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu' est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d' avoir goûté
La saveur de la mort...
Magnifique poème que celui-ci, je ne le connaissait pas, mais il me plait beaucoup.
RépondreSupprimerMerci Christiane et soignez-vous, je termine le diaporama et je vous l'envois, amitié
Merci Cigalette!
RépondreSupprimerLe versant mélancolique et surréaliste de Boris Vian... j'ai aussi une tendresse pour "Le cinéma de Papa", une chanson de nostalgie douce de ces temps d'enfance entre cinéma muet et parlant...
RépondreSupprimerQuel type épatant ! Sans concessions... "Et sa trompinette mettait le feu aux balcons", chantait Yces Simon...
J'adore ce poème! je le connais aussi chanté par le groupe Eiffel, version très bien en live, mais très nulle en studio.
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